"On avait pas besoin de ça" : ce journaliste calédonien déplore l'organisation des législatives anticipées (2024)

En Nouvelle Calédonie, à deux jours de la reprise des cours aux lycées et collèges, Nicolas Vignoles, journaliste et rédacteur en chef de "la Voix du Caillou", quotidien de l'archipel, fait le point sur la situation, après plusieurs semaines de vives tensions.

Comme l'Hexagone, la Nouvelle-Calédonie vote dans une semaine et ce après une période de violents affrontements. Et même si les écoles ont rouvert et que les lycées et collèges doivent aussi reprendre du service lundi, la situation n’est pas tout à fait normale sur place. “C’est le moins que l’on puisse dire”, confirme Nicolas Vignoles, rédacteur en chef du quotidien “La Voix du Caillou” en Nouvelle-Calédonie, alors que comparaissent des responsables de la Cellule de coordination des actions de terrain, accusée d’être à l’origine des émeutes.

“Toutes les rues qui mènent au Palais de justice sont barrées par des barrages de gendarmerie et, un peu partout dans la ville, dans plusieurs endroits de la ville, des militants se rassemblent”, explique-t-il. “Cela crée un point de tension qui s'ajoute à tous les points de tension. Le calme n'est pas revenu. La nuit dernière encore, il y a eu des exactions et des incendies dans les agglomérations de Nouméa”, détaille le journaliste. La suite des événements “dépendra évidemment de la décision des juges d'instruction”, mais “s'il devait y avoir des incarcérations, c'est sûr qu'on peut s'attendre à ce qu'il y ait de nouveau des violences, des exactions”, prédit Nicolas Vignoles et ce malgré la demande, à nouveau, du chef de l’Etat, pour la levée des barrages sur l’archipel et le déploiement de 3.500 policiers et gendarmes.

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“Les gendarmes qui sont à l'œuvre depuis le 13 mai maintenant, c'est-à-dire plus d'un mois, passent leur temps à enlever les barrages qui sont quasiment aussitôt remis. La situation est quand même moindre que la première semaine des meutes, c'est-à-dire qu'il y a quand même quelques signes. Le couvre-feu a été reporté de 2 heures, il est passé de 18 heures à 20 heures. Les écoles, les collèges et les lycées vont rouvrir, même si certains établissem*nts ont été détruits ou brûlés”, rappelle-t-il.

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Situation économique “effroyable”

Pourtant, la réforme du corps électoral et son élargissem*nt qui allait donner, en tout cas c'est ce que craignaient les indépendantistes, moins de poids à ces derniers, a été suspendue. “Pour l'instant, elle est en stand-by”, confirme Nicolas Vignoles. “Mais le président de la République a toujours le moyen de convoquer le Congrès, puisque le texte de ce que l'on appelle le dégel du corps électoral a été adopté au Sénat et qu'il a été ensuite adopté dans les mêmes termes par l'Assemblée nationale. Le souci dans cette histoire, c'est que le dégel n'est plus aujourd'hui la revendication principale de la CCAT et des émeutiers, mais bien, purement et simplement, l'indépendance. Le dégel aujourd'hui, qui a été le prétexte à ces émeutes, a finalement disparu aujourd'hui, ce qui laisse entendre en fait que les émeutes ont été déclenchées pour obtenir l'indépendance.”

S'ajoute un contexte “totalement effroyable” pour l’économie calédonienne. “Il n'y a absolument plus rien, plus de 600 entreprises ont été détruites, entre 7 et 10 000 salariés qui ont perdu leur travail, et à cela s'ajoute le fait que la Nouvelle-Calédonie, qui était déjà dans un état financier précaire et délicat, n'a aujourd'hui absolument plus les moyens d'assurer financièrement ses compétences. La Nouvelle-Calédonie est incapable de payer le chômage, incapable de payer la sécurité sociale.”

Par ailleurs, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie est en “rupture de trésorerie, un terme qui veut dire en fait une cessation de paiement, c'est-à-dire que les fonctionnaires pourront être payés jusqu’en juillet, mais ensuite, on n'a aucune idée de ce qui va se passer”.

“On n’avait pas besoin de ça”

S’ajoute donc l’organisation de législatives anticipées. “On n’avait pas besoin de ça”, estime Nicolas Vignoles. “On a voté pour la France, donc on va participer à ces élections législatives, mais le couvre-feu empêche la tenue de meetings, donc la campagne électorale se fait sur les réseaux sociaux et dans les médias.” Le rédacteur en chef du quotidien “La Voix du Caillou” alerte toutefois sur le risque de perturbations du scrutin en cas de nouvelle flambée de violence.

“On peut imaginer que dans nombre de communes, il va être extrêmement difficile de se rendre dans les bureaux de vote, pour autant qu'il y ait des bureaux de vote", conclut-il.

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